L'alcool et la publicité
Les Québécois frôlent la moyenne canadienne
de 8,2 litres d'alcool pur consommé par an. Ce phénomène encouragé par
différentes techniques de marketing, telles que les publicités, les promotions
ou encore les « happy hours »,
ciblent notamment la jeune génération.
Depuis 2002, les
entreprises, comme Molson ou encore Jack Daniel’s investissent plus de
160 000M$ dans des campagnes publicitaires en faveur de l’alcool. En 2010, l'Institut national de santé
publique du Québec (INSPQ) sonne l'alarme. Désormais, la loi sur les
infractions en matière de boissons alcooliques interdit d’associer aux boissons
alcoolisées des allégations santés, nutritives ou curatives.
L’industrie québécoise a adopté un code d’éthique qui est appliqué par le Conseil d’éthique de l’industrie des boissons alcooliques. Mais aucun organisme canadien ou québécois n’exerce une forme de contrôle sur la publicité et la promotion de l’alcool sur Internet.
Les entreprises
cherchent à fidéliser le client par le biais de produits dérivés. Colorés et dynamiques, on retrouve leurs
images de marque sur les verres, les serviettes de plage, les maillots de bain, les
porte-clés ou encore les T-shirts. Accessible à un public de tout âge, ces produits sont disponibles à la vente ou en guise de cadeaux.
Contrairement à la cigarette, aucune loi
n’interdit aux industries d’alcool de commanditer ou parrainer une compétition,
un athlète adulte ou une équipe sportive au Canada. Marché populaire auprès
d’un public mineur, l’association aux différents sports représente 60 % de leur
placement publicitaire. Le hockey est le sport le plus prisé par les
entreprises au Canada.
Ces
dernières années, les ventes dans les Sociétés des alcools du Québec (SAQ) n’ont
cessé de progresser. Selon les dires du gérant de la succursale de Charny, la
société aurait atteint son sommet et marcherait sur un plateau jusqu’à sa
décroissance d’ici les cinq prochaines années. C’est pourquoi la SAQ a investi
dans une campagne publicitaire agressive à l’approche de l’été.
Une autre forme de marketing progresse au
Québec. C’est la publicité par les « prix cassés ». En 10 ans, le nombre de promotions a triplé. En
2010, l'INSPQ a d’ailleurs invité les entreprises et les bars à se questionner
au sujet de «leur éthique de vente» misant parfois sur des rabais en fonction
du volume d'achat, mais ces derniers n'ont pas modifié leur façon de faire.
Pour faire face à
la concurrence des SAQ, la plupart des commerces vendeurs d’alcool, comme les
Couche-tard, basent leurs publicités sur des avantages, tels que des cadeaux
offerts à l’achat d’une caisse de bière.
Le développement
des boissons fruitées attire les adolescents fervents de goûts sucrés. En 2001,
l’industrie a répondu à cette demande en lançant 130 nouveaux alcools, 46
nouvelles bières et 103 nouveaux vins. L’arrivée sur le marché de produits déjà
mélangés rend la consommation plus facile et accessible aux débutants.
Selon l’organisme « Éduc’alcool », la publicité dans les médias écrits et
électroniques ainsi que la présence d’alcool dans les films, les vidéos et à la
télévision, ont des effets modestes, mais significatifs sur l’initiation à la
consommation. Et pour ceux qui boivent déjà, sur la quantité d’alcool consommé.
La Régie des alcools, des
courses et des jeux (RACJ) doit
donner son approbation sur toutes publicités portant sur un produit alcoolisé
au moins cinq jours avant la diffusion de celle-ci. Selon les gestionnaires, en
cas de faux pas, les entreprises ne sont pas sanctionnées. La RACJ se contente
de leur faire modifier leur concept selon les règlements en vigueur.
Annuellement,
les entreprises doivent être engagées dans un programme éducatif par
l’entremise de dons ou d’actions contre l’abus d’alcool. Les sociétés vont alors
consacrer près de 100 milliards de dollars de leur budget pour ces actions destinées
à contrer les effets dévastateurs de l’alcool.
David Jernigan, directeur du « The Center on Alcohol Marketing and Youth »
aux États-Unis, considère que « la recherche sur les effets du marketing
liés à la consommation d’alcool ne réussit pas à suivre le rythme des
innovations en la matière ».
Pour Réseau éducation-médias, boire de
façon responsable, soit deux
verres par jour pour l’homme et un seul pour la femme, ferait baisser la vente
de boisson de près de 80 %. Pour Jean Kilbourne, du Réseau éducation-médias, cela représente « ni plus ni moins que la déchéance de
l’industrie ».

